« UN SYSTÈME D'ÉGOUTTAGE POUR EN FINIR AVEC NOTRE FUMIER MOU »
LE GAEC DES TROIS VALLÉES PROFITE DE LA MISE AUX NORMES POUR RÉSOUDRE SON PROBLÈME DE FUMIER MOU. SON ÉGOUTTAGE AU BOUT DES TROIS COULOIRS DE RACLAGE NE MODIFIE PAS LA SURFACE DE LA FUMIÈRE COUVERTE. EN CONTREBAS, UNE FOSSE DE 1 600 M3 EST MISE EN SERVICE.
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LE GAEC DES TROIS VALLÉES A MIS EN SERVICE SA FOSSE à lisier de 1 600 m3 en juillet avec, en amont, un système d'égouttage du fumier. Jusque-là, l'exploitation n'avait pas de fosse. Les déjections des vaches laitières étaient stockées dans une fumière couverte de 675 m2 avec une pente arrière. Les eaux de salle de traite étaient dirigées vers un décanteur pour être rejetées épurées par des tuyaux déplaçables sur les prairies. Les génisses et les taurillons étaient et restent sur une litière accumulée. « Nous aurions pu attendre encore un peu pour sa construction, mais nous voulions améliorer nos conditions de travail par moins de manipulations, et gagner en souplesse de stockage pour épandre dans de bonnes conditions », confient les trois associés Denis Evette, Patrice Gouin et Olivier Mauny.
En 2012, leur commune a été classée en zone vulnérable, précisément en sous-zone B. À ce titre, la réglementation liée à la directive nitrates demande d'être en conformité avec les durées minimales de stockage avant ce 1er octobre. À savoir, quatre mois pour le fumier et quatre mois et demi pour le lisier des vaches laitières et des élèves qui sont plus de trois mois hors bâtiment. C'est le cas de l'élevage. « Sauf que, dans le bassin Loire-Bretagne, la FDSEA de l'Orne, avec d'autres FDSEA, a fait un recours juridique par rapport à la méthode de détermination des zones. Notre petite région, le Perche, est concernée. Le zonage et donc la date butoir du 1er octobre 2016 sont suspendus. L'échéance pourrait être reportée au 1er octobre 2018. Malgré cela, comme la démarche était déjà engagée, nous avons préféré aller jusqu'au bout. »
« AVEC L'ÉGOUTTAGE, PAS BESOIN D'AGRANDIR LA FUMIÈRE »
Denis, Patrice et Olivier restent dans leur logique initiale, confiée à L'Éleveur laitier en janvier 2015 (n° 231, p. 33) : plutôt que subir, positiver le classement en zone vulnérable.
L'objectif est de résoudre le problème de fumier mou que rapportent les trois couloirs de raclage en dépit des 4 kg de paille/vache/jour apportés sur les logettes. Jusqu'en juillet, les associés y remédiaient en le mélangeant tous les deux jours à trois semaines au fumier pailleux des génisses et des taurillons. « La capacité de la fumière étant insuffisante pour passer tout l'hiver, cela nous permettait de stocker au champ le fumier devenu compact, en attendant les périodes d'autorisation d'épandage. »
Le diagnostic Dexel, réalisé par Orne Conseil Élevage (OCL) au printemps 2015, montre qu'il faudrait étendre la fumière actuelle de plus de 100 m2 pour respecter les quatre mois de stockage de fumier. Un choix technique difficilement concevable puisque la fumière couverte est entourée de silos et de bâtiments. De plus, cela n'aurait pas amélioré la consistance du fumier.
Les associés ont jugé plus judicieux de construire une fosse à lisier à 30 m en contrebas pour profiter de la gravité. « Un système d'égouttage à la sortie des trois couloirs de raclage rend inutile l'extension de la fumière, tout en respectant la durée minimale de stockage du fumier », calcule François Normand, d'OCL. La fumière devient même trop grande ! Comme l'égouttage récupère 70 % des déjections en fumier, 460 m2 utiles seraient seulement nécessaires.
« UN STOCKAGE DU LISIER AU-DELÀ DE LA CAPACITÉ RÉGLEMENTAIRE »
Du côté de la fosse, pour respecter le stockage réglementaire de quatre mois et demi, le Dexel met en avant un besoin de 1 370 m3 utiles et 1 600 m3 au total, eaux de salle de traite et jus de nurserie compris.
« Ce stockage réglementaire est souvent tout juste suffisant par rapport à l'assolement et les périodes d'interdiction d'épandage », constate François Normand.Pour cette raison, il a calculé la capacité agronomique de stockage du lisier, comme la réglementation liée à la directive nitrates l'y autorise. « Avec les eaux de salle de traite, elle est de 1 190 m3 utiles. En maintenant le projet à 1 370 m3, les associés disposent d'un minimum de six mois de stockage et la souplesse d'épandage qui va avec. »
Même si la pente est relativement douce entre la fumière et la fosse (2 %), il a fallu creuser à 6,50 m de profondeur pour que la fosse soit suffisamment enterrée. En novembre, durant une semaine, deux pelleteuses ont assuré le travail. « Nous pensions le faire plus tôt, mais nous avions omis de déposer la demande de permis de construire qui est requise pour les fosses à lisier. » Les éleveurs ont attendu ensuite le printemps et la saison de pâturage pour lancer les travaux (voir photos). « Pendant un peu plus de un mois , les vaches ne sont pas rentrées dans le bâtiment. Le hangar à fourrages, juste à côté, a été paillé et des auges installées pour distribuer la ration qui était heureusement limitée à 5 kg de MS de maïs-ensilage/vache/jour. Il y avait du gaspillage. »
« LES QUATRE PREMIERS MOIS SONT POSITIFS »
Pourquoi la fosse est-elle presque carrée, ce qui est assez inhabituel ? La forme a été décidée par l'entreprise de maçonnerie. L'inconvénient est le risque de dépôts dans les angles. L'avantage est la possibilité de la couvrir avec des panneaux photovoltaïques si le Gaec se lance dans ce projet. Elle est exposée au sud. Elle intègre les précautions de sécurité classique : un grillage autour pour prévenir les chutes, une échelle exigée par l'inspection du travail, un puits de pompage de 1,50 m2 et 70 cm de profondeur pour le mixage du lisier, et un regard pour vérifier que tout est bien pompé. Coût de l'investissement : 113 000 € subventionnés à 25 % (aides PCAEA). Pour éviter d'acheter une tonne à lisier, le Gaec a adhéré à la Cuma.« Nous sommes satisfaits. Le fumier tient bien en tas. En revanche, nous nous interrogeons sur l'intérêt d'élargir d'un petit centimètre les fentes de l'égouttage. La paille a tendance à s'accrocher au bout des rails des racleurs. Il faut l'enlever manuellement à la fourche tous les deux à trois jours. Sinon, le racleur passe par dessus et tombe dans la fumière. » Cette décision sera prise après quelques mois de fonctionnement en hiver, durant lequel les déjections sont plus liquides. La ration fourragère hivernale à 30 % avec de l'ensilage d'herbe y aide (voir encadré précédent). Ils vont sans doute tester cette période avec de la paille hachée sur les logettes. De même, ils testeront l'écoulement du lisier vers la fosse sans les eaux de salle de traite. Actuellement, elles sont renvoyées dans le canal pour créer un effet chasse d'eau (photo ci-dessus). « Nous sommes autorisés à les épandre sur prairies par des tuyaux perforés après décantation. Si nous pouvons continuer, nous limiterons ainsi le lisier à épandre. »
CLAIRE HUE
Fumière : une tranchée de 45 m de long Dans la fumière de 675 m3, une tranchée longue de 45 m, large de 1,80 m et profonde de 1,20 m, est créée. Elle suit la pente de 2 %. Au fond est posé un tuyau de 600 mm de diamètre coupé en deux, composé d'une double paroi en polyéthylène. Après la partie « égouttage » (premier plan), la seconde partie est recouverte de caillebotis au travers desquels les jus du fumier stocké s'écoulent (pente transversale de 2 % de la fumière). À l'extérieur, le lisier poursuit son chemin sur 30 m dans l'aquatube jusqu'à la fosse. © C.H.
Égouttage du fumier sur plaques de caillebotis meulées Des plaques de caillebotis longues de 2 m sont posées au bout des trois couloirs de raclage larges de 3 à 5 m. Le lisier s'écoule entre les fentes de 4 cm. Pour éviter que la paille bute en leur milieu, sur la jonction de leurs sept barres, les fentes sont prolongées en meulant la partie supérieure. Après quelques mois de fonctionnement, si les fentes sont jugées pas assez larges, la partie inférieure sera aussi meulée pour les ajuster. Le rail du racleur dépasse de 20 cm les caillebotis pour maximiser l'égouttage. © C.H.
Une fosse de 1 600 m3 qui utilise la gravité Grâce à la pente de 2 %, le lisier rejoint la fosse par gravité. Il a fallu creuser à 6,50 m de profondeur pour construire la fosse de 22 m sur 20 m, pour une capacité totale de 1 600 m3. Le mur de réception du lisier dépasse de 1,20 m les trois autres, pour une hauteur de 3,50 m. Il a deux fonctions : recevoir l'extrémité des 75 m d'aquatube et stopper la terre qui risque de glisser de la pente. © C.H.
LES DÉTAILS AUXQUELS IL FAUT PENSER PENDANT LES TRAVAUX. Les vaches interdites de stabulation Les travaux sont effectués pendant la saison de pâturage. Le hangar de stockage de fourrages à côté de la stabulation est transformé en aire paillée, devant laquelle des auges sont installées. De la salle de traite ou des parcelles pâturées, les vaches y accèdent directement. Elles ne peuvent pas rentrer dans la stabulation. © C.H.
LES DÉTAILS AUXQUELS IL FAUT PENSER PENDANT LES TRAVAUX. Murets de 20 cm pour guider le racleur Installés de chaque côté de l'égouttage, ils évitent au racleur en « V » de dévier. Pour favoriser son ouverture complète avant le déversement du fumier, les murets s'arrêtent à 20 cm de la fin des barres et à 40 cm du bord du mur d'égouttage (voir page 65). © C.H.
LES DÉTAILS AUXQUELS IL FAUT PENSER PENDANT LES TRAVAUX. Accéder à la centrale des racleurs Il fallait monter sur le chargeur téléscopique pour l'atteindre. C'était dangereux. Une plateforme d'accès est donc créée. Sur le mur de soutien du système d'égouttage sont posées des barres, reliquats du sciage des plaques de caillebotis. © C.H.
LES DÉTAILS AUXQUELS IL FAUT PENSER PENDANT LES TRAVAUX. Un abri pour le nettoyeur à haute pression Entre le canal d'égouttage et le prolongement bétonné de la sortie de stabulation est réservé un espace de rangement du nettoyeur à haute pression. L'arrivée d'eau qui était à quelques mètres de là, a été rapprochée. © C.H.
LES DÉTAILS AUXQUELS IL FAUT PENSER PENDANT LES TRAVAUX. Un système de chasse d'eau Deux canalisations parallèles à celle du lisier sont posées. Elles arrivent au début du canal d'égouttage pour créer un effet chasse d'eau. À l'aide d'une pompe située dans un regard, l'une achemine les eaux de salle de traite du décanteur. Un système de vannes peut les diriger aussi vers la fosse. D'un diamètre de 160 mm et pour 800 €, l'autre part de la fosse. Si le produit d'égouttage coule mal, une pompe enverra du lisier vers le canal. © C.H.
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